Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Miles Davis - Kind Of Blue

miles.JPGN’avez-vous jamais rêvé que la perfection soit un jour atteinte et matérialisée sous cette galette de vinyle noire et feutrée ? Il existe des objets touchés par une grâce qui surplombe le divin en ce qu’elle est purement humaine. Nul fruit du hasard ou rejeton d’un diable de superstition. Tout, absolument tout ici est d’une perfection contrôlée dont la force dépasse et brise en mille morceaux tous les schémas pré-établis. Depuis cette pochette où le visage dur et chaud et les paupières d’ébène closes de Miles semblent vibrer d’un souffle continu et infini, en passant par ces longs doigts longilignes dont la grâce voluptueuse voudrait qu’on se prosterne face à la beauté féline et au potentiel plaisir que l’enchevêtrement des pensées de cette tête et la vivacité contrôlée de cette main peuvent procurer à un esprit simple; ce costume bleu modeste et cette cravate tachetée d’or et de rouge explicite, jusqu’à ce titre majestueux et grand qui résume le passage initiatique qui nous attend.

Miles Davis & John Coltrane

Dieu est mort et son assassin nous dévisage tranquillement. Son calme froid nous fige le sang et les os, notre vision se brouille et seules quelques nuances de bleu et ce regard perçant restent fixés à notre mémoire. L’homme est long et fin et son arme tortueuse luit d’un froid métallique. Le silence est assourdissant. D’une lourdeur de marbre, l’atmosphère insoutenable fait ployer nos épaules désolées et notre âme honteuse ne souhaite qu’une chose: prendre la fuite. Pourtant, la perversion du désir est plus grande encore que la peur mouillée. Ce n’est pas paralysés, mais subjugués que nous sommes devant l’étendue de ce silence qui finit par être brisé doucement par quelques notes de piano égarées, interrogatives. Le cauchemar de l’attente prend fin et débute alors le rêve.

La batterie nous susurre que tout ira bien, la basse est souple et le piano céleste. Cependant, l’Assassin est toujours là, tapis dans la lumière. Son regard fixe du rien et il attend son heure et la notre, impatient. Il connait l’issue de tout ça. Lui et son armée entonnent alors les deux notes les plus belles de l’histoire de la musique. Rien ne sera plus pareil après ça.

Les commentaires sont fermés.