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Musique 4 the masses - Page 2

  • chroniques musicales hiver 2021

    John Zorn : Filmworks VIII (Tzadik)
    Alors que la série des Filmworks en est déjà au volume XVIII (je suis loin de tous les connaître), je me suis procuré, suite à ma note de l'été dernier sur le roman
    Adieu Shanghaï d'Angel Wagenstein, et sur recommandation d'Alban de ZornFan, le volume VIII qui reprend la musique d'un documentaire sur la fuite de Juifs européens vers Shanghaï au début de la Seconde guerre mondiale - thème du roman en question. Pour l'occasion, Zorn a procédé à la rencontre de Masada et de la musique chinoise traditionnelle, pour un résultat étonnant mais convaincant. On retrouve sur ce disque Anthony Coleman, Marc Ribot, Mark Feldman, Erik Friedlander, Greg Cohen et la joueuse de pipa Min Xiao-Fen

    Metropolis Shanghaï - Showboat to China (Winter & Winter)
    Un disque que je me suis procuré pour les mêmes raisons que le précédent. Il s'agit cette fois-ci d'un de ces "audiofilms" chers au label munichois Winter & Winter. Celui-ci cherche en l'occurence à restituer l'ambiance sonore du Shanghaï des années 30-40, entre musique chinoise traditionnelle, mélodies centreuropéennes importées par les réfugiés juifs, swing de bar qu'on pourrait croire tout droit sorti d'un film de Wong Kar-Waï, et bruits de la rue et de la vie quotidienne qui servent de lien à tout cela. Un album-concept dont il est difficile de rendre compte à travers un seul extrait sonore, mais c'est la contrainte du genre.

  • Chroniques musicales 2021

    Iva Bittova & Bang on a can all-stars : Elida (Cantaloupe)
    La collaboration entre la chanteuse et violoniste tchèque et les musiciens new-yorkais, vue récemment sur la scène du Théâtre de la Ville, peut aussi s'écouter sur disque. C'est exactement le même programme que celui présenté sur scène, à savoir la mise en musique de neuf poèmes en langue tchèque, au carrefour de très nombreuses influences musicales, entre folklores plus ou moins imaginaires d'Europe centrale et développements des musiques contemporaines - populaires et savantes - aux Etats-Unis. Un objet sonore pas très bien identifié, ce qui en fait tout son charme.

    Anthony Coleman : Shmutsige Magnaten - Coleman plays Gebirtig (Tzadik)
    Un récital du pianiste new-yorkais donné dans la synagogue Kupa de Cracovie en juillet 2005 sur des oeuvres extraites du répertoire de Mordechai Gebirtig, prolifique compositeur de mélodies à l'accent yiddish du début du XXe siècle. Le pianiste explore tous les coins et recoins de son instrument, du clavier aux cordes, pour donner une version explosée de la musique klezmer, bien loin de l'interprétation traditionnelle. Une tension captivante - qu'elle soit sussurée ou au contraire martellée - traverse ce bien beau disque, paru chez Tzadik... évidemment.

  • Avec Popnoname, la techno se fait un nom

    Plus que le minimalisme, c'est l'aspect mélodique que l'on retient avant tout dans la techno de Cologne. Depuis les origines (1992, 1993), des artistes comme The Bionaut/The Modernist, Gas, Global Electronic Network, Air Liquide ou Antonelli Electr., se sont fait les chantres d'une techno mélancolique, harmonieuse, fluide et pétillante comme de l'eau gazeuse. C'est ainsi que la petite ville de province allemande gagnera la reconnaissance mondiale qu'elle connaît aujourd'hui (dans le domaine de la production locale du moins, car au niveau des manifestations et festivals, la ville est malheureusement encore sous le joug de ses goûts "provinciaux" justement). Ses labels, Kompakt, Italic ou Sonig ont toujours évolué dans un cadre large, ne se contentant pas d'appliquer les recettes minimalistes de Detroit, mais métissant largement leurs productions de trance, d'acid, de breakbeat, de dub, d'ambient ou de pop. Peut-être est-ce aussi parce que, depuis le début, la musique électronique à Cologne, a plus à voir avec l'hédonisme house qu'avec la dureté techno.

    La pop, c'est justement le rayon de Jens-Uwe Beyer, alias Popnoname, tout comme la techno soyeuse et mélancolique qui fait les riches heures de la ville. Le destin, pourtant, ne destinait pas forcément Beyer à atterrir sur les terres de Michael Mayer et consorts, puisque son C.V. le décrit plutôt comme un globe-trotter, "le Jack Kerouac de la techno" même. C'est ainsi qu'on le surnomme dans le milieu des clubs. Sur White Album, le jeune Allemand laisse entendre tout ce que nous aimons dans cette catégorie : mélodies vocales parfaites (l'hymne club "No Doubt" qui évoque aussi bien New Order que Superpitcher, le rêveur "Still" qui flotte très haut au dessus de nos tristes contingences matérielles, l'hédonisme de "Mother Earth"), thèmes complexes dans lesquels la rythmique qui se met doucement en place autour d'un axe central qui évolue sur la longueur (c'est particulièrement flagrant sur un somptueux "Ferry Sponge" de plus de sept minutes), progressions inattendues, nappes, etc. Tout ce qui fait le charme des productions Italic en général (et ceux qui connaissent Rocket in Dub ou Antonelli Electr. savent de quoi je parle. Globalement, White Album est une vraie réussite, et une bonne surprise (une de plus me direz-vous) puisque nous découvrons ensemble ce nouveau talent. Avant Popnoname il y avait l'electropop, avec White Album on peut dire que Popnoname a réussi une symbiose techno pop quasi-parfaite. Rendez-vous sur son profil myspace, vous pourrez écouter le magnifique "No Doubt" et d'autres tracks.

    Popnoname - White Album (Italic/Nocturne)

  • Note sur Audion - Suckfish

    Matthew Dear revient sous le mystérieux pseudonyme Audion. Après avoir été le 1er artiste signé sur le label Ghostly/Spectral, Matthew s’est montré extrêmement prolixe en sortant une vingtaine de maxis et 2 albums sous son nom. Ce jeune homme, originaire du Texas, habite maintenant à Detroit et, s’il a été élu "Artist of the Year 2004 " par le magazine XLR8R, il est également soutenu par les meilleurs djs de la scène techno actuelle de Paris à Tokyo, en passant par Berlin

     

    sombre, sensuelle et obsédante, telle est la vision de la techno selon Audion. Et avec cette hypnotisante pochette, dans la lignée des 3 maxis qui ont précédé la sortie de l’album, Matthew Dear nous dévoile sa face la plus troublante et la plus obscure. On est immédiatement plongé dans cet univers dès l’écoute du 1er titre, Vegetables, puis le groove malsain de Titty Fuck nous fait transpirer jusqu'à Kisses et sa rythmique chaotique. L’extase finale viendra avec le très jouissif et presque disco Just Fucking. Tout un programme…

     

  • Giovanni Mirabassi - Prima O Poi

    prima.JPGSketch est mort, vive Minium ! Je me faisais l'écho, en février dernier, de la disparition du label Sketch, qui était pourtant devenu en à peine cinq ans une référence dans la jazzosphère hexagonale. Et bien il semblerait que le label renaisse de ses cendres aujourd'hui, sous un nouveau nom. Même design des pochettes et des notes de livret, même qualité sonore des enregistrements, et même artistes produits. Minium ressemble comme deux gouttes d'eau - jusque dans son site internet - à son grand frère trop tôt disparu.

    La première référence de ce nouveau label est le nouveau disque du pianiste italien installé à Paris, Giovanni Mirabassi. Après trois albums parus chez Sketch, on est ainsi dans la continuité logique. Pour l'occasion, Mirabassi alterne les pièces en trio avec le contrebassiste Gildas Boclé et le batteur Louis Moutin et celles en quartet avec son compatriote Flavio Boltro à la trompette en plus. On retrouve ce qui fait la caractéristique première du pianiste : il est un formidable chanteur. Non qu'il s'accompagne de la voix, mais il a une capacité inouie à faire "chanter" la mélodie au piano grâce à un lyrisme parfaitement maîtrisé entre tradition romantique et sens du swing. A travers une collection de dix thèmes - huit compositions originales, une reprise du Brésilien Egberto Gismonti, et un morceau tiré de la bande originale du film Le château ambulant de Miyazaki - Giovanni Mirabassi nous entraîne au pays de la belle mélodie. J'ai beau être une sorte de free-addict, je ne peux pas y résister.

    En plus, les climats rythmiques et harmoniques sont encore plus variés qu'à l'accoutumée. On a ainsi droit cette fois-ci à quelques titres au parfum très funky, notamment sur les morceaux où Flavio Boltro intervient. D'autres morceaux rendent un bel hommage à l'esthétique sonore ECM dans ce qu'elle peut avoir de meilleur (influence de Chick Corea ou de Keith Jarrett). Et, toujours, un grand sentiment ludique s'échappe du jeu de Mirabassi. On entend le plaisir pris par les musiciens à dérouler ainsi d'aussi belles chansons. Un plaisir qu'on ne peut alors que partager. Le genre de disque dont on n'est pas près de se lasser.

    J'ai ajouté deux extraits de Prima O Poi dans la radioblog (l'un en trio, l'autre en quartet), ainsi que deux morceaux tirés des deux premiers disques de Mirabassi : une reprise de la chanson de Léo Ferré Je chante pour passer le temps (sur un poème d'Aragon) tirée de son album solo Avanti, et un morceau en trio tiré de son tout premier disque, Architectures.

     

    Giovanni Mirabassi : Prima O Poi, Minium, 2005

  • La culture électro fait Tilt à Perpignan

    En France je dois être de ceux qui commencent le plus tôt la saison festivalière. En effet, du 07 au 10 février, Perpignan, la capitale catalane, ouvre la saison des festivals avec Tilt, une manifestation consacrée aux arts multimédias (danse, théâtre, vidéo, Internet) et aux musiques électroniques, toutes tendances confondues.

    Mais le Tilt Festival c'est aussi la célébration des arts obliques et des unions inusitées. Nouvelles technologies et arts classiques font ici bon ménage. L'occasion pour le public catalan (et d'ailleurs souhaitons-le) de découvrir de nouveaux horizons artistiques avec, entre autre, la prestation de la vidéo-contorsionniste Angéla Laurier pour Deversoir, et l'opéra pop Elephant People de Daniel Keene et Renaud Cojo, tous logés dans un hôtel de thuir à 15 km de Perpignan pour l'occasion...

    Parmi les moments forts nous attendons la venue du maître de l'electro The Hacker, de Jérôme Pacman et des Allemands de Digitalism. Tilt 2008 c'est aussi le grand retour de Mlle Caro sur ses terres, après plusieurs années de buzz enflamé dans notre capitale, plusieurs maxis sur le label de Damian Lazarus et un album à venir en mars.

    Quant aux fanatiques de dub, ils seront certainement soufflés d'apprendre la présence des mythiques Iration Stepas (entre autre) pour une soirée dub et electro dub qui s'annonce déjà mémorable.

     

  • Biographie musicale : Sawhney - Human

    human.JPGpionnier de la world music d'avant garde, Nitin Sawhney, Anglais d'origine indienne, poursuit son activisme axé vers l'Humain et la planète avec comme arme principale une musique enivrante. Prophesy son album précédent avait placé ce musicien hors normes sur un piédestal bien mérité. Human est son 6ème album.

     

    là où Prophesy faisait un tour du monde musical et spirituel, Human se voit estampillé "autobiographique" par Nitin Sawhney lui-même. Avec des invités de marque comme Natacha Atlas, Matt Hales de Aqualung ou Kevin Marks de The Streets, Sawhney choisit cette fois le voyage introspectif. Enfance, désillusion mais aussi espoirs, tout le discours très personnel de ce musicien sans frontières est soutenu par une world music moderne, une pop teintée d'electro, de basses rondes et de chants magnifiques. Encore une réussite.

  • Miles Davis & Paul Chambers

    miles-2.JPGUn chuintement de piano lumineux transperce ensuite la brume épaisse et la vie reprend son cours. Le monde valse devant nos yeux lénifiés. C’est l’Histoire avec un grand H qui défile ici. La conquête tranquille de l’Homme sur son berceau innocent. Nos assaillants s’évertuent pourtant à nous démontrer l’implacable simplicité de tout cela à travers des titres toujours plus justes. « All Blues » sonne comme une piqûre de rappel: tout ceci n’est effectivement que du Blues transcendé à l’extrême par la modalité nouvelle d’un jazz en état de grâce.

    Le rythme retombe enfin car l’oeuvre est achevée ou presque. Le temps d’un dernier flamenco enivrant, les thèmes modulés du départ refont une brève apparition bercés par une ligne de basse nonchalante et cette trompette de l’enfer, perçante et rouillée. Le souffle est pur et ne cessera de nous interroger, de nous prouver l’étendu d’une grandeur Humaine oubliée. Les saxophones pleurent une gloire passée et une utopie future dans un monde ou l’ironie du sort est triomphante. Nulle demie mesure n’est possible devant cette étendue de musique. Les notes de piano s’égrènent lentement tandis que les musiciens prennent le chemin de la sortie.

    La musique s’en va comme elle est venue et nous laisse pétrifiés dans une attente désormais éternelle. Le moment passé était d’une grandeur trop forte. Mais au contraire d’une beauté divine, surréaliste qu’on peut trouver dans du Beethove ou chez Mozart, tout ici est humain et transcende le réel sans jamais le rendre fade ou obsolète. Les musiciens eux même se rendaient compte que quelque chose était en train de se produire ici sans qu’ils pussent contrôler quoi que ce soit. Si Dieu n’a rien à voir là dedans, il est possible qu’un hasard panthéiste ait bien fait les choses pour une fois.