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Musique 4 the masses - Page 3

  • La culture électro fait Tilt à Perpignan

    En France je dois être de ceux qui commencent le plus tôt la saison festivalière. En effet, du 07 au 10 février, Perpignan, la capitale catalane, ouvre la saison des festivals avec Tilt, une manifestation consacrée aux arts multimédias (danse, théâtre, vidéo, Internet) et aux musiques électroniques, toutes tendances confondues.

    Mais le Tilt Festival c'est aussi la célébration des arts obliques et des unions inusitées. Nouvelles technologies et arts classiques font ici bon ménage. L'occasion pour le public catalan (et d'ailleurs souhaitons-le) de découvrir de nouveaux horizons artistiques avec, entre autre, la prestation de la vidéo-contorsionniste Angéla Laurier pour Deversoir, et l'opéra pop Elephant People de Daniel Keene et Renaud Cojo, tous logés dans un hôtel de thuir à 15 km de Perpignan pour l'occasion...

    Parmi les moments forts nous attendons la venue du maître de l'electro The Hacker, de Jérôme Pacman et des Allemands de Digitalism. Tilt 2008 c'est aussi le grand retour de Mlle Caro sur ses terres, après plusieurs années de buzz enflamé dans notre capitale, plusieurs maxis sur le label de Damian Lazarus et un album à venir en mars.

    Quant aux fanatiques de dub, ils seront certainement soufflés d'apprendre la présence des mythiques Iration Stepas (entre autre) pour une soirée dub et electro dub qui s'annonce déjà mémorable.

     

  • Biographie musicale : Sawhney - Human

    human.JPGpionnier de la world music d'avant garde, Nitin Sawhney, Anglais d'origine indienne, poursuit son activisme axé vers l'Humain et la planète avec comme arme principale une musique enivrante. Prophesy son album précédent avait placé ce musicien hors normes sur un piédestal bien mérité. Human est son 6ème album.

     

    là où Prophesy faisait un tour du monde musical et spirituel, Human se voit estampillé "autobiographique" par Nitin Sawhney lui-même. Avec des invités de marque comme Natacha Atlas, Matt Hales de Aqualung ou Kevin Marks de The Streets, Sawhney choisit cette fois le voyage introspectif. Enfance, désillusion mais aussi espoirs, tout le discours très personnel de ce musicien sans frontières est soutenu par une world music moderne, une pop teintée d'electro, de basses rondes et de chants magnifiques. Encore une réussite.

  • Miles Davis & Paul Chambers

    miles-2.JPGUn chuintement de piano lumineux transperce ensuite la brume épaisse et la vie reprend son cours. Le monde valse devant nos yeux lénifiés. C’est l’Histoire avec un grand H qui défile ici. La conquête tranquille de l’Homme sur son berceau innocent. Nos assaillants s’évertuent pourtant à nous démontrer l’implacable simplicité de tout cela à travers des titres toujours plus justes. « All Blues » sonne comme une piqûre de rappel: tout ceci n’est effectivement que du Blues transcendé à l’extrême par la modalité nouvelle d’un jazz en état de grâce.

    Le rythme retombe enfin car l’oeuvre est achevée ou presque. Le temps d’un dernier flamenco enivrant, les thèmes modulés du départ refont une brève apparition bercés par une ligne de basse nonchalante et cette trompette de l’enfer, perçante et rouillée. Le souffle est pur et ne cessera de nous interroger, de nous prouver l’étendu d’une grandeur Humaine oubliée. Les saxophones pleurent une gloire passée et une utopie future dans un monde ou l’ironie du sort est triomphante. Nulle demie mesure n’est possible devant cette étendue de musique. Les notes de piano s’égrènent lentement tandis que les musiciens prennent le chemin de la sortie.

    La musique s’en va comme elle est venue et nous laisse pétrifiés dans une attente désormais éternelle. Le moment passé était d’une grandeur trop forte. Mais au contraire d’une beauté divine, surréaliste qu’on peut trouver dans du Beethove ou chez Mozart, tout ici est humain et transcende le réel sans jamais le rendre fade ou obsolète. Les musiciens eux même se rendaient compte que quelque chose était en train de se produire ici sans qu’ils pussent contrôler quoi que ce soit. Si Dieu n’a rien à voir là dedans, il est possible qu’un hasard panthéiste ait bien fait les choses pour une fois.

  • Miles Davis - Kind Of Blue

    miles.JPGN’avez-vous jamais rêvé que la perfection soit un jour atteinte et matérialisée sous cette galette de vinyle noire et feutrée ? Il existe des objets touchés par une grâce qui surplombe le divin en ce qu’elle est purement humaine. Nul fruit du hasard ou rejeton d’un diable de superstition. Tout, absolument tout ici est d’une perfection contrôlée dont la force dépasse et brise en mille morceaux tous les schémas pré-établis. Depuis cette pochette où le visage dur et chaud et les paupières d’ébène closes de Miles semblent vibrer d’un souffle continu et infini, en passant par ces longs doigts longilignes dont la grâce voluptueuse voudrait qu’on se prosterne face à la beauté féline et au potentiel plaisir que l’enchevêtrement des pensées de cette tête et la vivacité contrôlée de cette main peuvent procurer à un esprit simple; ce costume bleu modeste et cette cravate tachetée d’or et de rouge explicite, jusqu’à ce titre majestueux et grand qui résume le passage initiatique qui nous attend.

    Miles Davis & John Coltrane

    Dieu est mort et son assassin nous dévisage tranquillement. Son calme froid nous fige le sang et les os, notre vision se brouille et seules quelques nuances de bleu et ce regard perçant restent fixés à notre mémoire. L’homme est long et fin et son arme tortueuse luit d’un froid métallique. Le silence est assourdissant. D’une lourdeur de marbre, l’atmosphère insoutenable fait ployer nos épaules désolées et notre âme honteuse ne souhaite qu’une chose: prendre la fuite. Pourtant, la perversion du désir est plus grande encore que la peur mouillée. Ce n’est pas paralysés, mais subjugués que nous sommes devant l’étendue de ce silence qui finit par être brisé doucement par quelques notes de piano égarées, interrogatives. Le cauchemar de l’attente prend fin et débute alors le rêve.

    La batterie nous susurre que tout ira bien, la basse est souple et le piano céleste. Cependant, l’Assassin est toujours là, tapis dans la lumière. Son regard fixe du rien et il attend son heure et la notre, impatient. Il connait l’issue de tout ça. Lui et son armée entonnent alors les deux notes les plus belles de l’histoire de la musique. Rien ne sera plus pareil après ça.

  • Jenny Scheinman : 12 Songs

    jenny.JPGAprès deux très beaux disques parus chez Tzadik (le premier, The Rabbi's Lover, sur un répertoire klezmer, et le second, Shalagaster, plus jazz avec notamment Myra Melford au piano), la violoniste américaine propose un disque qui pourrait à nouveau coller avec l'esthétique du label de John Zorn. Pas dans son versant free/bruitiste, mais dans son alliage des timbres du cornet, de la clarinette (Doug Wieselman), du violon, de l'accordéon et de la guitare de Bill Frisell. C'est pourtant sur un label californien que ce disque parait. A travers douze histoires instrumentales, entre folklores populaires et écriture jazz, Jenny Scheinman propose un agréable voyage musical, tour à tour festif et onirique.

    Jenny Scheinman : 12 Songs (Cryptogramophone)

     

     

  • Avis sur Max Nagl Ensemble : Quartier du Faisan

    mix.JPGRevoilà la saxophoniste autrichien dans un projet qui pourrait faire office de suite à son excellent Ramasuri. Si les neuf musiciens qui l'accompagnent ne sont plus les mêmes, l'esprit reste assez proche. A savoir une sorte de rencontre d'Anthony Braxton et de Broadway, sur fond de danses de salon de la Mitteleuropa. A partir d'un matériau très composite, Max Nagl (qui laisse ses collègues prendre la plupart des solos) organise une fête digne des apocalypses joyeuses de la Belle Epoque, mais qui aurait intégré un siècle d'histoire du jazz.

    On danse au son de ce big band alpin très cuivré, même dans les passages les plus véhéments. Un esprit proche du Albert Ayler ressuscitant les marching bands néo-orléanais (même si la lettre en est assez éloignée).

     

    Max Nagl Ensemble : Quartier du Faisan (Hat Hut)

  • Perc – The Power & The Glory

    A travers The Power & The Glory, Ali Wells  aka Perc affirme un peu plus son attirance pour la musique industrielle et revisite des thématiques qui lui sont chères. On se souvient alors de son EP paru l’année passée sur Submit en collaboration avec les légendaires Eintürzende Neubauten, clé de compréhension de cette évolution somme toute naturelle et personnelle. Ce n’est pas moins que Nic Cold Void, leader de Factory Floor, qui vient apposer sa voix sur le perturbant « Rotting Sound », intro disloquée de cet édifice puant la ferraille.

    Wicker & Steel ne nous apparaît plus que sous la forme de canevas d’une œuvre plus vaste, débarrassée de toutes contraintes. Le producteur britannique s’affranchit de ses kicks brutaux habituels pour se concentrer sur des mélodies stridentes, déstructurées, fouinant dans les basses fréquences pour flirter avec le drone électronique. Parfois tribales (Galloper), souvent anxiogènes (Horse Gum, Lurch), les partitions de ce second LP agitent les nerfs et remuent l’estomac.

    Un album retors qui ne laisse pas indifférent et se dévoile au fil des écoutes. Comme quoi une pochette hideuse peut cacher un excellent disque.

     

  • La Nouvelle-Orléans retrouve son jazz

    C’est une très bonne nouvelle ; l’énorme collection de partitions, d’archives, d’instruments et de disques de jazz qui était stockée à l’Hôtel de la Monnaie à la Nouvelle Orléans, avant le passage de l’ouragan Katrina, va être entièrement restaurée.

     

    Même si certains documents ont été plutôt malmenés par le passage de l’ouragan Katrina en 2005, le sauvetage de ce qui constitue l’une des plus grandes (si ce n’est la plus grande) collection d’archives liées à l’histoire du jazz – celle de l’Hôtel de la Monnaie à New Orleans - ne semble plus trop poser de problème. Cette accumulation de partitions, de 78t, mais aussi d’instruments rares (comme un cornet ayant appartenu à Louis Amstrong) va - après restauration complète - bientôt retrouver son lieu d’exposition d’origine qui avait été partiellement détruit lors de la catastrophe, mais qui a été reconstruit depuis. Pourtant, selon la direction du Musée, il faudra quand même attendre 2010 pour que la totalité des objets soit à nouveau montrée au public, beaucoup de travail de reconstitution ou de réparation restant à faire.